Question de Sugarplum Fairy sur « ESPRIT DANSE »

adressé à Musicbytouve

Comme vous le savez sans doute, traditionnellement, les danseurs n'ont pas la même façon de

compter les temps musicaux que les musiciens.

Quel est votre point de vue sur cette question ? Que conseillez-vous aux danseurs pour une meilleure

justesse musicale ?

REPONSES DE MUSICBYTOUVE (en 2 épisodes):

A) Compter la musique en générale est en fonction des respirations: celles qu'on a besoin et celle qu'on a envie de partager.

B) Comment un danseur à la barre peut-il expliquer à son accompagnateur, et ce en un temps record (de 15 à 20 secondes avant chaque exercice) avec ses besoins en respiration et son envie artistique (le style de son pas)?

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A) Compter la musique en générale est en fonction des respirations: celles qu'on a besoin et celle qu'on a envie partager.

En matière d'accompagnement musical , deux types de musiciens sont particulièrement difficiles à accompagner pour un pianiste ou un organiste: les chanteurs et les « souffleurs », particulièrement les hautboistes.

La raison est évidente : ce sont des musiciens qui ont un outil physique fondamental: leur souffle, donc leur respiration.

Touve R.Ratovondrahety a eu l'occasion d'accompagner deux chanteurs de haut niveau sur la scène internationale, Rolando Villazon (au cours d'une messe privée en 2003) et Rachel Harnish (Festival St-Prex en Suisse, 2009): c'était extrêmement difficile, très formateur, et le résultat est magnifique.

Il semble alors, que l'accompagnement de la danse rentre dans cette catégorie de difficulté.

Ce qui rend les choses encore plus complexes : nous sommes des êtres humains, et nous respirons tous différemment.

Une musique « qui respire » est toujours très belle, même si elle est jouée par un instrument électronique car il est toujours possible de  simuler  la respiration et c'est ce qui donne le  phrasé  en musique.

Cela ne nous éloigne pas de la parole:  bien respirer pour dire ce qu'on pense . En tant que être humain, nous avons tous le privilège de penser d'une manière différente. C'est une une grande richesse.

Alors comment faire avec autant de diversité? Comment « compter la musique? »

La théorie de la musique a inventé des bases pour se retrouver, comme par exemple « compter à la croche, compter à la noire, compter à la blanche.... », mais il semble inutile de rentrer dans ces détails en danse.

Du point de vue de l'accompagnateur, il s'agit d' écouter le désir du danseur, de repérer là où il respire, de faire attention à ses temps d'appui....et c'est au musicien de passer en revue très vite ces bases de théorie musicale, et de donner quelque chose d' instantanément efficace, belle et qui embellit les mouvements...

En répétition de ballet ou de variations, on peut prendre le temps de parler, de chercher, comme dans une répétition de musique de chambre (par exemple, « mettre les coups d'archet »). Mais ce n'est absolument pas le cas en cours de danse. On parle de « mettre des accents », et c'est vrai mais...il y a mieux....

Et ce « mieux » , on va le découvrir dans le prochain épisode mais déjà il semble que du point de vue du danseur, la question est:

Comment expliquer et donner la pulsion à l'accompagnateur (et ce, en espace de 15 à 20 secondes avant chaque exercices), comme une soprano qui veut respirer ici où là, et que TOUT LE MONDE SE COMPRENNE VRAIMENT BIEN, et que les pas de danse et la musique s' harmonisent entièrement...et que chaque parti y trouve vraiment du plaisir?

A suivre......